Nombreux sont ceux qui accusent Bitcoin de faciliter le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Selon ses détracteurs, le fonctionnement de la mère des cryptomonnaies s’apparenterait à celui du cash : transactions impossibles à réguler, anonymes et intraçables. Or, il n’en est rien : comme pour la grande majorité des cryptomonnaies, chaque transfert de bitcoins est visible de façon transparente sur la blockchain. En effet, lorsque vous effectuez une transaction sur le réseau Bitcoin, celle-ci n’est pas anonyme mais pseudonyme. Explorons les différences entre ces deux notions !
Pseudonymat vs anonymat : deux niveaux de confidentialité différents
Une transaction effectuée de façon anonyme se veut entièrement intraçable. Personne ne connait ni l’envoyeur, ni le destinataire, ni parfois même le montant du transfert. C’est de cette façon que fonctionne le cash : lorsque vous achetez un produit à un particulier en payant en liquide, seuls lui et vous êtes au courant.
Dans le cas d’une transaction sur un réseau pseudonyme, n’importe qui peut connaitre le destinataire et l’initiateur de celle-ci. Cependant, les données visibles ne permettent pas directement de lier les portefeuilles aux identités de leurs détenteurs. Les wallets sont représentés à l’aide de « surnoms » dont le format diffère en fonction de la blockchain sur laquelle on opère. Il s’agit le plus souvent d’une suite de caractères.
Quelles blockchains privilégient le pseudonymat ?
La plupart des réseaux blockchain privilégient le pseudonymat. Ainsi, sur Bitcoin et Ethereum par exemple, votre wallet est visible publiquement sous forme d’une suite de caractères alphanumériques. Concrètement, n’importe qui peut savoir que le portefeuille abc123 a envoyé 5 bitcoins au portefeuille def456, mais personne ne peut directement deviner qui se cache derrière ces suites de chiffres. Attention toutefois : si vous avez donné votre identité pour acquérir vos premières cryptomonnaies (par exemple sur un exchange centralisé tel que Binance) avant de les envoyer sur votre wallet décentralisé, il est possible de remonter jusqu’à vous.
Lire plus : Qu’est-ce qu’un wallet crypto ?
Quelles blockchains privilégient l’anonymat ?
Il existe toutefois quelques réseaux dont la proposition de valeur se concentre sur le respect de la vie privée de l’utilisateur. Dans un contexte où nos données personnelles sont de plus en plus tracées, les cryptomonnaies associées à ces blockchains sont particulièrement appréciées par une partie de la communauté crypto qui cherche à retrouver sa souveraineté monétaire. En particulier, Zcash et Monero font partie des projets plus connus dans ce domaine.
Zcash est un réseau de paiement qui utilise la technologie des zero-knowledge proofs pour garantir l’anonymat des transactions. Une zero-knowledge proof est une preuve mathématique permettant de prouver la véracité d’une information, sans pour autant la révéler. Par exemple, prouver que vous êtes majeur sans révéler votre âge. Cette technologie est notamment utilisée pour construire des solutions de scalabilité appelées Zero-Knowledge Rollups.
Lire plus : Qu’est-ce qu’un Zero-Knowledge Rollup ?
La blockchain Monero est également conçue pour fournir une confidentialité complète. A cette fin, le réseau emploie des clés publiques à usage unique et rend impossible l’identification de la clé privée ayant signé chaque transaction.
Lire plus : Clé publique et clé privée : quelle différence ?
Pseudonymat vs anonymat : un débat éthique et politique
Le degré de confidentialité acceptable sur la blockchain fait l’objet de discordes depuis plusieurs années, et sans doute encore pour longtemps. D’un côté, les régulateurs soutiennent que Bitcoin, mais aussi et d’autant plus les réseaux tels que Monero ou Zcash facilitent les activités illégales. Ils souhaiteraient donc pouvoir identifier l’initiateur de chaque transaction sur la blockchain. Toutefois, ces transactions illicites représentent moins de 1% des transactions sur Bitcoin selon un rapport de Chainanalysis.
Dans le camp opposé, de nombreux utilisateurs s’opposent au contrôle d’identité toujours plus fréquent, et plus généralement à la surveillance systématisée sur la blockchain. Ils revendiquent le droit à la confidentialité et la protection de leurs données personnelles. Les réseaux mettant l’accent sur la protection de la vie privée ne devraient donc pas perdre en popularité, bien que les régulateurs tentent de rendre l’accès aux « privacy coins » de plus en plus difficile.