Aujourd’hui, l’un des défis majeurs de la démocratisation de la blockchain et son passage à l’échelle est l’interopérabilité des différentes technologies existantes, via une norme de communication qui serait comprise et utilisée par les différents acteurs de l’écosystème. L’enjeu est de taille et semble avoir fait un grand pas en avant suite à l’annonce de la mise en ligne du CCIP (Cross-Chain Interoperability Protocol), un protocole de communication inter-blockchain développé par Chainlink. L’entreprise, déjà connue pour son réseau d’oracles permettant d’importer des données du monde réel dans un réseau blockchain, travaille sur ce sujet depuis sa création en 2017.
En savoir plus : Tout savoir sur les oracles
En savoir plus : Qu’est-ce que l’interopérabilité des blockchains ?
Qu’est-ce que le CCIP ? Quel problème résout-il ? Quels sont ses cas d’usage ? Découvrons-le dans cet article.
Sortie du protocole CCIP de Chainlink : une avancée majeure
Le 17 juillet 2023, le site de Chainlink annonce la sortie en accès anticipé d’un protocole de communication cross-chain, appelé CCIP, sur 4 réseaux principaux de blockchain ou mainnets :
- Ethereum
- Polygon
- Avalanche
- Optimism
En savoir plus : Quelle différence entre un Testnet, Devnet et Mainnet ?
Le protocole vise à interconnecter ces différentes blockchains grâce à l’utilisation d’un standard de communication commun, qui servira non seulement à chaque blockchain de se comprendre mais également d’interagir entre elles (c’est-à-dire échanger des données ou de la valeur sous forme de jetons numériques).
Par ailleurs, les développeurs peuvent également, depuis le 20 juillet, utiliser ce protocole sur différents réseaux de test ou testnets :
- Optimism Goerli
- Arbitrum Goerli
- Ethereum Sepolia
- Avalanche Fuji
- Polygon Mumbai
Faire communiquer les blockchains entre elles : un enjeu fondamental
À l’image du protocole TCP/IP qui a permis d’harmoniser l’ensemble des infrastructures et services qui régissent Internet (notamment la navigation sur le web, l’envoi d’e-mails ou le transfert de fichiers), l’objectif du CCIP de Chainlink est de mettre à disposition une norme permettant de faire fonctionner ensemble les blockchains publiques et les blockchains privées de manière simple et fluide, tout en garantissant une sécurité et une transparence absolues.
En effet, face à la croissance du nombre de blockchains, qui fonctionnent généralement avec leurs propres normes et protocoles, il est aujourd’hui indispensable de mettre en place une méthode d’unification des échanges pour intégrer facilement chaque projet à l’écosystème global.
Sergey Nazarov, le co-fondateur de Chainlink, confirme cet objectif en publiant sur X : « Just like key standards such as TCP/IP remade a fragmented early internet into the single global internet we all know and use today, we are making CCIP to connect the fragmented public blockchain landscape and the growing bank chain ecosystem into a single Internet of Contracts.»
Certes, il existe déjà des méthodes pour favoriser l’interopérabilité des différents réseaux : création de couches d’abstraction, de bridges, de wallets multichaines, et élaboration de standards visant à uniformiser les pratiques, mais elles peuvent contenir des vulnérabilités qui favorisent le hacking.
En savoir plus : Les bridges : définition, fonctionnement, risques
Le CCIP offre une sécurité supplémentaire grâce à un réseau de gestion active du risque (ARM : Active Risk Management). Comme expliqué sur le site officiel de Chainlink, le système de surveillance continue du réseau CCIP permet de vérifier en permanence que chaque transfert s’effectue sans erreur ou dysfonctionnement. L’entreprise a par ailleurs prouvé par son réseau d’oracles qu’elle était capable de transférer et sécuriser un volume très important d’actifs.
Les cas d’utilisations du CCIP
Certains acteurs de la DeFi ont déjà adopté le protocole sur le mainnet, à l’instar de Synthetix, qui l’utilise pour déplacer des liquidités sur différents réseaux. Par exemple, il peut permettre à une personne utilisant la blockchain Ethereum de transférer des sUSD à une personne utilisant la blockchain Optimism, selon un modèle burn-and-mint (les ETH sont brûlés, et les OP sont mintés).
D’autre part, Aave souhaite intégrer le CCIP dans leur protocole afin de pérenniser leur système de gouvernance. Le CCIP est en effet particulièrement adapté aux prêts et emprunts cross-chain car il permet d’emprunter des actifs sur un réseau tout en mettant en garantie d’autres actifs sur un autre réseau.
La finance traditionnelle, ou TradFi, n’est pas mise à l’écart : Chainlink indique que des dizaines d’institutions financières souhaitent expérimenter le transfert de messages et tokens de leur blockchain privée vers des blockchains publiques par l’intermédiaire de SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication).
En dehors des usages bancaires, Chainlink vise à étendre son protocole à d’autres domaines tels que le transfert d’autres types de tokens, le gaming, ou l’utilisation d’identifiants Web3 utilisables sur différentes blockchain.
Le CCIP de Chainlink : l’essentiel à retenir
En conclusion, grâce à la mise à disposition du protocole CCIP sur différents mainnets et testnets, Chainlink permet l’accélération du déploiement de l’écosystème blockchain. Même si le projet reste en développement et sera amené à évoluer, il offre des perspectives encourageantes quant à l’avenir de l’écosystème Web3.