Les chaines agroalimentaires : Un flou complexe
A l’heure d’une révolution Blockchain qui promet, entre autres, plus de transparence dans les transactions, les chaines de production ou d’approvisionnement de l’agroalimentaire demeurent complexes. Elles sont notamment constituées d’une multitude d’acteurs : Agriculteurs, Industriels, Transporteurs, Distributeurs et Consommateurs. Le produit de base est transformé et mélangé avec d’autres compléments, de sources diverses. Il a lui-même parfois connu des interventions extérieures. Si c’est un aliment d’origine végétale, il peut avoir été cultivé avec ou sans pesticides, pour un produit d’origine animale l’alimentation est parfois un élément clé…*
D’une part, ces chaines sont floues et il est souvent difficile de savoir avec exactitude ce que l’on mange. D’autre part, les consommateurs demandent une traçabilité transparente vis-à-vis des produits de la grande distribution. La Blockchain pourrait bien apporter une réponse à cela…
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IoT et Blockchain : Une révolution pour nos carottes ?
Face à ce dilemme, l’usage de la technologie blockchain combinée à l’IoT pourrait apporter un nombre conséquent de solutions aux problèmes éthiques de l’industrie. Cependant, pour une efficacité maximale, certaines habitudes devraient être instaurées.
Regardons ici l’exemple d’une salade de carottes râpées achetée en supermarché. Admettons que l’agriculteur enregistre dans une blockchain la date, le lieu et l’heure de la plantation. Puis, de la même façon, il indique les produits utilisés en culture, leur date d’utilisation jusqu’au jour de récolte et d’envoie à l’industriel. Cette Blockchain agit comme registre distribué en temps réel, partagé entre tous les acteurs de la chaine. Chacun peut ainsi connaître ce qui se passe en permanence sur le circuit et partager des données.
Reprenons nos carottes, en passant la porte de l’usine les technologies IoT enregistrent l’information dans la Blockchain, si bien que le processus peut s’automatiser. De manière similaire, tous les compléments arrivés en usine ont connu le même processus rigoureux. Le produit arrive enfin chez le distributeur puis en rayon à destination du consommateur final. Ce dernier jouit de toutes les informations liées au produit directement en magasin via un écran ou une application.
Les avantages de la Blockchain pour l’Agroalimentaire
Les avantages d’une telle technologie sont nombreux et cela à plusieurs niveaux de la chaine.
Pour le consommateur c’est l’assurance de connaitre ce qui se trouve dans son assiette. De plus selon les données récoltées, il serait possible de mesurer l’impact carbone de sa consommation : un point essentiel pour de nombreux consommateurs.
Côté distributeur, ils connaissent mieux le produit vendu et peuvent espérer un gain en image de marque grâce à une offre transparente et fiable. La gestion du stock et de la Supply Chain est améliorée avec de la data fiable, en temps réel et de manière automatisée. Cela limite les pertes et permet de réduire certains coûts. Enfin, en cas de problème sanitaire lié à un produit, l’identification du chainon fautif serait plus précise et la réaction plus rapide.
Pour l’ensemble des acteurs situés en amont du consommateur. La facturation gagnerait en précision et permettrait de baisser les taux de litiges souvent nombreux dans une telle industrie. La précision de l’IoT évaluerait justement les quantités impliquées dans les transactions et déclencherait automatiquement des Smart Contracts sous certaines conditions.
Pour l’agriculteur la mise en place d’un label spécial l’aiderait à faire valoir son produit.
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Les limites de la Blockchain pour l’Agroalimentaire
Néanmoins cette solution présente encore des imperfections. Elle nécessite en premier lieu de s’équiper en conséquence, l’IoT fonctionne avec des équipements de pointe, fiables mais couteux. Ensuite, elle demande la participation pleine et active d’absolument tous les acteurs de la chaine pour enregistrer les données avec précision. En effet certains maillons ne sont pas encore automatisables et sans, par exemple, la bonne volonté de l’agriculteur, il ne serait pas possible de connaitre la date exacte de plantation. Cela est d’autant plus un problème qu’il n’existe à ce jour aucune norme vis-à-vis de la traçabilité complète des produits alimentaires, ce qui implique que beaucoup jouent comme ils l’entendent.
Une révolution discrète de l’Agroalimentaire qui a déjà débuté avec la Blockchain
Il faut noter que dans ce domaine les mouvements ont commencé il y a déjà quelques années et certains grands distributeurs ont débuté l’intégration de cette technologie dans leurs processus. Aux Etats-Unis le cas de Walmart fait souvent office d’exemple, le géant américain de la grande distribution travaille à intégrer la technologie blockchain dans divers processus de son activité. Cela donne parfois lieu à des collaborations comme avec IBM. En France, Carrefour se veut être le pionner en la matière afin de garantir la qualité et la transparence vis-à-vis de ses produits. Ces dernières années le groupe n’a pas rechigné sur les investissements en innovations et pousse sa recherche dans les nouvelles technologies.
Aujourd’hui de nombreux projets sont en développement. Et le moins que l’on puisse dire c’est que les possibilités ne manquent pas. L’industrie de la grande distribution est amenée à évoluer dans ce sens dans les années à venir, cela donnera peut-être lieu à une petite révolution pour le moins impactante.