Alors que les élections de mi-mandat américaines pourraient profondément modifier les équilibres partisans outre-Atlantique et réorienter pour les deux prochaines années la politique du Président Joe Biden, les crypto-monnaies semblent avoir définitivement intégré la liste des sujets mobilisateurs pour les électeurs.
Dans un sondage publié en octobre 2022 par Pionner Polling, il apparaît qu’un électeur américain sur 7 possède aujourd’hui un portefeuille de crypto-monnaies.
Une opinion publique sur la cryptomonnaie largement sensibilisée
Le principal enseignement de ce type de sondages, au-delà des réponses apportées aux différentes thématiques abordées, est que les questions technologiques notamment liées à la blockchain (et ici en l’espèce aux crypto-monnaies) sortent désormais du cercle restreint des initiés et se diffusent largement dans l’ensemble de la société.
Si aux États-Unis et dans les pays anglo-saxons en général, l’attitude générale face aux innovations en matière technologique est plus favorable que dans des pays de tradition juridique continentale, ce qui peut expliquer l’attrait de l’opinion sur ces sujets, Il n’en reste pas moins notable que ces questions ont profondément infusé dans nos sociétés (en témoigne ce sondage Ipsos de mars 2022 où 30% des Français déclarent être prêts à investir dans les cryptos) et que l’enjeu semble désormais être partie intégrante des programmes politiques.
Exemple typique : l’ensemble des candidats à la présidentielle 2022 de se positionner sur les crypto-monnaies, par des déclarations ou même des mentions dans les programmes.
Les déclarations d’Emmanuel Macron alors candidat à sa réélection sur le développement du Web3 (“Une exigence et une chance à ne pas manquer”), le positionnement résolument pro-crypto-monnaie d’une partie de l’échiquier politique et la frilosité a contrario d’autres mouvements – avec un consensus fort de part et d’autre sur la nécessité d’un encadrement – furent ainsi des faits notables de la campagne. Ces positionnements, sans être décisifs sur les résultats, dénotent d’une évolution d’envergure pour les cryptos si l’on se réfère à la campagne de 2017 où le sujet ne fut même pas évoqué.
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Une industrie qui s’organise autour des cryptomonnaies
La question qui se pose donc désormais est celle du poids des cryptos dans les futures élections et en particulier pour les élections européennes de 2024.
Face aux “offensives” ou du moins aux velléités régulatrices des instances européennes en matière d’innovation blockchain et en particulier vis-à-vis des crypto-monnaies, le secteur s’est structuré, afin d’être en mesure de se défendre et de disposer de relais, aussi bien dans l’opinion que dans les milieux politiques, pour relayer et appuyer ses points de vue.
La naissance de l’Association pour le Développement des Actifs Numériques (ADAN) en janvier 2020 répond ainsi à cet objectif d’institutionnalisation et de pérennisation de l’industrie des actifs numériques, en la dotant d’une institution représentative et facilement identifiable. La production régulière de manifestes (comme celui à destination des candidats aux élections présidentielles publié en janvier 2022), livres blancs, position paper, etc. à destination des législateurs, régulateurs et de l’opinion publique ont ainsi un réel impact. Ils pourront à terme pousser l’opinion à se saisir de ces enjeux et se mobiliser autour de personnalités les représentant (avec en ligne de mire les futures échéances électorales).
Cette structuration du secteur autour d’associations représentatives au niveau national et européen (comme l’ADAN) ou aux États-Unis (avec l’ADAM) – dont des équivalents existent déjà dans d’autres pans économiques (énergie / banque & finance / agro-alimentaire / etc.) – témoigne ainsi du gain en maturité de l’industrie cryptos et atteste de sa résolution à vouloir peser sur les futures réglementations.
L’enjeu des cryptomonnaies peut, à terme, peser dans le champ politique
On constate depuis quelques années, en parallèle du foisonnement technologique lié à la blockchain et de sa montée en puissance financière, une volonté de plus en plus marquée des responsables politiques de s’emparer du sujet. Les récentes déclarations du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, sur sa volonté de faire de la France “le hub européen de l’écosystème des crypto-actifs” dénotent une conversion rapide de responsables publics aux atouts des technologies liées à la blockchain – quand bien même ils en furent pour certains les contempteurs.
Si comme semble l’illustrer le sondage réalisé aux États-Unis, les questions liées aux crypto-monnaies constituent un enjeu politique à même de mobiliser pour ou contre, il apparaît que cette tendance n’ira pas en s’inversant. Il faudra à l’avenir, compter sur les questions liées aux technologies blockchain et aux crypto-monnaies lors de futures échéances politiques.
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