Les cryptomonnaies, monnaies digitales décentralisées, échappent a priori à la puissance des États. Ces derniers maîtrisent l’euro, le dollar, mais ne peuvent imposer un prix à l’Ether ou au Cardano. Mais les cryptos permettent-elles vraiment de se passer de l’État ?
Les cryptos sont-elles maîtrisées par les États ?
La monnaie est normalement une compétence étatique.
La monnaie a quasiment toujours été une compétence régalienne, réservée aux États. Les banques centrales ont pour mission d’imprimer les nouveaux billets (battre monnaie) et d’agir en tiers de confiance pour assurer la stabilité monétaire.
C’est-à-dire que les monnaies (FIAT) sont battues et les billets imprimés par des banques centrales qui sont des organismes étatiques : des tiers de confiance qui garantissent que la valeur de la monnaie ne va pas s’effondrer ou s’envoler.
Les cryptos échappent à la règle et suivent un nouveau paradigme.
Les crypto-monnaies échappent à cette règle étatique : elles existent grâce à un protocole cryptographique qui dicte l’émission et la gouvernance de l’écosystème.
Les utilisateurs de crypto-monnaies croient en la sécurité de la blockchain et en le fait que l’algorithme utilisé soit solide. Les banques centrales n’ont donc aucun pouvoir sur les crypto-monnaies comme Bitcoin, Ether, Dogecoin, ou Solana.
Utiliser un crypto wallet permet de dissocier son identité de ses finances.
Lors de la création d’un crypto-wallet, on ne précise jamais son nom de famille, son prénom, sa date et son lieu de naissance, on ne communique rien qui puisse témoigner de son identité. C’est l’exact contraire de ce qui est demandé dans le système bancaire classique.
Les propriétaires de crypto-wallet, et donc de crypto-monnaies, réussissent à se passer de l’État à ce titre. D’ailleurs, de quelle législation dépend votre crypto wallet ?
Comment les États essaient-ils d’intégrer le système des crypto-monnaies ?
Les États tentent de réguler les nouveaux territoires que sont le web3 et les cryptomonnaies.
L’Union Européenne tente par exemple de réglementer l’industrie crypto avec la loi MiCA, qui précise un cadre juridique, notamment pour les stablecoins. D’un autre côté, les États-Unis ont approuvé un projet de loi “crypto bill” sur la réglementation crypto.
Ce ne sont pas les seuls cas où les États interfèrent avec les échanges de crypto-monnaies. En 2022, lorsque Ethereum est passé au Proof Of Stake (POS), l’OFAC, organisme américain en charge d’appliquer les sanctions économiques, a censuré des blocks utilisant le smart contract Tornado Cash qui assure la confidentialité d’une transaction. En ligne de mire, le blanchiment d’argent.
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Ces ingérences dans le fonctionnement des blockchains, et la façon de proposer des blocks de manière totalement anonyme, montrent qu’il est donc faux de penser que les cryptos échappent intégralement aux acteurs étatiques ou régionaux.
Les crypto-monnaies permettent-elles d’éviter le système financier classique ?
Les achats en cryptos se démocratisent.
De nombreux acteurs plutôt tournés vers la tech permettent de payer en crypto-monnaies grâce à des partenariats avec des start-ups web3 qui convertissent la crypto en FIAT. Il est par exemple possible d’acheter des jeux vidéo en BTC en passant par la plateforme CoinsBee, qui permet d’acheter une carte cadeau Steam.
D’autres acteurs plus alignés avec le web3 proposent d’acheter directement avec des cryptos, c’est par exemple le cas des VPN qui permettent d’être “anonyme” sur le net.
Mais c’est aussi possible pour acheter des produits du quotidien : le centre commercial parisien Beaugrenelle permet par exemple de payer dans ses boutiques en cryptomonnaies grâce à un partenariat avec la startup Lyzi. On remarquera cependant que les FIAT prévalent car les prix sont fixés en euro, convertis avec le taux actuel en crypto pour obtenir le prix de paiement.
Les cas d’usage des cryptos sont ainsi de plus en plus variés, et il est possible d’utiliser son crypto-wallet pour payer de plus en plus de choses. Ainsi, après avoir créé un wallet de manière anonyme, on peut dépenser des cryptos directement sans passer par le système bancaire classique.
Comment se passer des États pour abonder son crypto-wallet ?
Il est théoriquement impossible d’avoir de l’argent sur son crypto-wallet sans aucune intervention de l’État, tout simplement car le paiement en FIAT est partout.
Passer par un prestataire comme Coinbase implique d’utiliser sa (une) carte bancaire et donc des FIAT. Vendre un objet 0.01 BTC implique que l’on a utilisé une FIAT pour l’acheter (si c’est la première transaction) ou que l’on a utilisé des FIAT lors de sa première transaction. Etc.
Mais si on ne regarde “qu’une” transaction, alors on peut bien se passer de l’État. Deux personnes avec un wallet échangeant un NFT pour 0.01 ETH se passent intégralement de l’État.
L’écosystème crypto se base sur les FIATs et a besoin de la confiance fournie par les États.
À l’écriture de cet article, les 5 crypto-monnaies les plus échangées sont :
- Tether (USDT),
- Bitcoin (BTC),
- Ethereum (ETH),
- USD Coin (USDC), et
- Binance USD (BUSD).
On remarque rapidement que parmi ce top 5, il y a 3 stablecoins du dollar américain.
En raison d’une forte spéculation, de nombreux acteurs préfèrent utiliser des stablecoins pour leurs transactions. Ces derniers sont plus “stables” car le dollar américain l’est et permettent de réduire le risque.
Le web3 rabat les cartes et limite le contrôle de l’état, mais les cryptos ne permettent pas s’en affranchir totalement
Les états ont encore un gros poids dans l’écosystème crypto, et sont le point de repère pour la majorité des échanges du fait de l’importance et la stabilité des FIATs.
On peut contourner les états pour certaines actions mais on ne s’en passe pas intégralement avec les cryptos.