La blockchain est une technologie qui repense la manière dont nous stockons et échangeons des informations numériques. Elle offre plus de transparence, d’impartialité et de sécurité. Pour autant, à l’heure où ces lignes sont écrites, elle peine encore à se démocratiser auprès du grand public. Il existe plusieurs raisons à cela, mais l’une des principales problématiques réside dans son passage à l’échelle, ou scalabilité.
En effet, son déploiement est aujourd’hui freiné par des problèmes de congestion du réseau qui, en plus de ralentir l’ensemble des transactions, entrainent des frais importants. C’est en particulier le cas d’Ethereum et Bitcoin, les deux blockchains les plus utilisées aujourd’hui. Un grand nombre de projets annexes s’efforcent de trouver une solution à ce problème sans devoir renoncer à la sécurité et la décentralisation du réseau : c’est ce qu’on appelle le trilemme de la blockchain.
Lire plus : Le trilemme de la blockchain : un casse-tête insoluble
Il existe à l’heure actuelle deux grands moyens de désengorger un réseau blockchain :
- Les layers-2: réseau de seconde couche qui dépend de la chaine principale
- Les sidechains, ou chaines latérales : réseau indépendant qui fonctionne avec ses propres règles, mais capable de communiquer avec la chaine principale
Cet article se concentre avant tout sur les sidechains. Pour en savoir plus sur les layers-2, retrouvez l’article : Les layers 2 : une solution au problème de scalabilité des blockchains.
Qu’est-ce qu’une sidechain ?
Une sidechain est une blockchain indépendante rattachée à une blockchain principale, ou mainchain, via un bridge. Ce bridge permet d’effectuer des transferts d’actifs numériques entre la sidechain et la mainchain, et ce dans les deux sens.
Lire plus : Les bridges : définition, fonctionnement, risques
Dans la plupart des cas, une première transaction est créée sur la blockchain principale, qui verrouille l’actif, puis une autre transaction est créée sur la chaine latérale, comprenant toutes les preuves cryptographiques que le verrouillage s’est correctement passée sur la chaine principale.
Le terme de sidechain est employé pour la première fois dans l’ouvrage « Enabling Blockchain Innovations with Pegged Sidechains », écrit par Adam Back.
Contrairement aux layers-2, les sidechains fonctionnent de façon autonome : elles ont leur propre token, leur propre consensus, protocole et système de sécurité. Elles peuvent être publiques ou privées.
Plusieurs sidechains peuvent généralement être connectées une même mainchain (cela dépend de sa technologie), et communiquer entre elles, en utilisant la mainchain comme relais.
Lire plus : Qu’est-ce qu’un consensus ?
Pourquoi utiliser une sidechain ?
L’intérêt de recourir à une blockchain parallèle est de pouvoir externaliser les calculs nécessaires à la validation des transferts de tokens ou de cryptomonnaies, et donc d’alléger la blockchain principale.
Une sidechain peut être très utile également pour faire tourner une application décentralisée (dApp pour Decentralized Application). Au lieu d’utiliser les ressources de la mainchain, les traitements informatiques nécessaires pour faire fonctionner les applications peuvent être externalisés sur une sidechain.
Lire plus : Qu’est-ce qu’une Application Décentralisée (dApp) ?
Avantages et inconvénients d’une sidechain
Les principaux avantages d’une sidechain sont les suivants :
- Amélioration de la scalabilité : la sidechain permet plus de transactions par seconde en externalisant certains calculs
- Ajout de nouvelles fonctionnalités, par exemple des smarts contracts sur le réseau Bitcoin
- Indépendance de conception et de fonctionnement : si jamais une faille informatique est découverte sur la sidechain, elle n’affecte pas la blockchain principale. Cette indépendance peut être utile pour réaliser toute sorte de tests (protocoles, améliorations).
En termes d’inconvénients, notons :
- Ajout d’une complexité supplémentaire, qui peut engendrer un développement couteux
- Souvent moins sécurisée que la blockchain principale (Ethereum est connu pour être une des blockchains les plus sécurisées de l’écosystème)
Quelques exemples de sidechains
Bitcoin possède actuellement deux sidechains actives : Rootstock et Liquid.
Roostock, ou RSK, permet l’utilisation de contrats intelligents sur la blockchain Bitcoin. Cette fonctionnalité n’était pas présente de base sur ce réseau très restrictif car très sécurisé. Mais face à la popularité du réseau Ethereum, connu pour favoriser le déploiement de smart contrats avancés, la communauté Bitcoin a émis le besoin avoir également cette possibilité. Via l’utilisation d’une machine virtuelle, la RVM, il est désormais possible d’exécuter des contrats intelligents et des applications décentralisées grâce à la sidechain Rootstock.
Lire plus : Les avantages et limites du Bitcoin
Liquid est la deuxième chaine latérale du réseau Bitcoin créée pour faciliter les transferts financiers, en particulier avec les plateformes d’exchange. Elle est surtout utilisée par les traders, qui bénéficient de transactions quasi-instantanées.
Du côté d’Ethereum, beaucoup de projets de sidechains visent à accélérer les transactions et diminuer leur frais. Le projet Lisk, quant à lui, propose aux développeurs Javascript de créer leur propre dApps via l’utilisation de NodeJS (le projet est encore en cours de développement). Polygon, aujourd’hui connu pour ses solutions de layer-2, est à l’origine une sidechain connue sous le nom de MATIC Network.
Lire plus : L’histoire de l’évolution de Polygon
Conclusion à retenir sur les sidechains
Les sidechains sont une solution pertinente et complémentaire aux layer-2 pour répondre à l’enjeu de scalabilité des blockchains. En ajoutant des fonctionnalités et en permettant une plus grande quantité de transactions, elle permet à différents réseaux blockchain de plus facilement se démocratiser auprès du grand public, et rivaliser avec les systèmes de paiements traditionnels tels que Visa, Mastercard ou Paypal.