Le Président Macron a répété à plusieurs reprises sa volonté de fonder un « métavers européen ». Il déclare que « c’est un sujet clé à la fois pour la création, mais aussi pour la capacité à permettre à tous nos créateurs, quels que soient leurs champs culturels et leurs champs d’activités, de créer et de ne pas dépendre d’acteurs ou d’agrégateurs anglo-saxons ou chinois, qui pourront totalement contourner les règles de respect des droits d’auteur ou des droits voisins ». Une idée très loin de la réalité du métavers que l’on connaît… Mais quelle réalité se cache derrière ce rêve ?
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Le métavers européen mentionné dans une course à la technologie des puissances mondiales
La course au développement d’écosystèmes blockchain a touché la majorité des pays européens. Les entreprises et les investisseurs se battent pour gagner en visibilité et se positionner pour obtenir le plus de parts de marché du metavers.
Cependant, pour Rolf Illenberger, cofondateur de VRdirect, “La réalité est qu’il n’y a pas de grand acteur européen de la technologie qui soit pertinent dans l’ensemble de l’avenir des métavers”. Aux États-Unis, les titans technologiques comme Meta, Microsoft et Apple sont prêts à mener la danse. Les startups européennes sont à la traîne par rapport à leurs homologues américaines et asiatiques quand il s’agit de faire naître des licornes.
L’Europe est largement limitée à des opérateurs de niche et à de rares startups dominant leurs secteurs. Jake Stott, PDG de Hype Partners, est optimiste quant au fait que les fintech renommées d’Europe peuvent produire les futurs fournisseurs de paiement de l’écosystème.
L’Europe, déjà en retard alors que le métavers européen n’est pas encore réalité
Jake Stott ajoute que “L’Europe est également à la traîne derrière les États-Unis en termes de capital-risque levé. C’est peut-être l’un des domaines où le soutien des pouvoirs publics peut aider le jeune écosystème métavers de l’ancien continent, notamment en supprimant les obstacles à la croissance et en créant des incitations pour les sociétés de capital-risque”.
Petri Rajahalme, entrepreneur et investisseur finlandais souhaite que les investisseurs européens travaillent ensemble pour défier les ressources américaines. “En tant qu’investisseurs en capital-risque, nous devrions être plus coopératifs en Europe pour partager nos connaissances, nos flux d’affaires et nos idées”.
Pour M. Rajahalme, c’est uniquement en 2019 avec le changement de nom de Facebook pour Meta que la hype des metavers a débuté. Mais cela ne signifie pas que le métavers est désormais compris de tous. Les futurs souverains du métavers entrent désormais dans le collimateur des législateurs européens, qui proclament une forte protection des données.
Les représentants de l’UE ont déclaré que leur ambition était de devenir les meilleurs régulateurs de l’IA. Pour M. Rajahalme “C’est comme si, lorsque vous avez commencé à fabriquer des voitures, les Européens disaient que nous voulions être les meilleurs pour faire des panneaux stop”.
Le métavers européen : une collaboration recommandée
Pour M. Illenberger, dont la société propose des expériences de Réalité Virtuelle (VR) personnalisées aux entreprises, a pu constater les inconvénients d’une réglementation trop stricte. Ces risques ont conduit de grandes organisations telles que Siemens à mettre en place des salles de VR dédiées qui réduisaient les risques d’infraction.
“C’est un cauchemar de ne serait-ce qu’utiliser les technologies métaverses en conformité avec les lois européennes sur la confidentialité des données”, selon lui. Et la vitesse à laquelle ces règles sont modifiées peut entraver l’innovation – et pousser les pionniers vers l’Asie ou les États-Unis.
Si les entreprises européennes peuvent jouer un rôle important dans le métavers, le rêve du Président Macron de concurrencer les géants mondiaux de la technologie est fantaisiste. Au lieu de se battre contre les opérateurs historiques, les entreprises européennes pourraient trouver plus de succès en travaillant avec eux.
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