L’Internet des objets, ou IoT (Internet of Things), et la blockchain font partie des avancées technologiques majeures de notre temps. L’IoT consiste à connecter des dispositifs physiques à internet, afin de faciliter la transmission d’informations. Il peut s’agir d’appareils électroniques personnels (montre, voiture), domestiques (système d’éclairage d’une maison), à usage public (capteurs de fuite d’eau dans les canalisations) ou professionnels (tablette de contrôle pour surveiller un banc de production). Si cette interconnectivité permet de grandement fluidifier et automatiser la communication entre différents acteurs, elle présente un défi majeur en matière de sécurité, scalabilité et interopérabilité. La blockchain, en tant que registre distribué et sécurisé, pourrait apporter une aide précieuse pour surmonter ces obstacles.
Une sécurisation renforcée de l’IoT grâce à la blockchain
Les deux principaux éléments d’un objet connecté à sécuriser sont :
- Les données récoltées par les capteurs, qui sont ensuite transmises et stockées sur des serveurs
- Le code informatique permettant à l’objet d’être contrôlé à distance via un microcontrôleur
Il est essentiel pour les fabricants d’assurer une manipulation sécurisée de ces données, parfois personnelles ou sensibles, et d’empêcher toute intrusion non autorisée dans le code.
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Disponibilité des données
Aujourd’hui, le stockage et l’analyse des données s’effectuent de façon centralisée sur des serveurs distants. Cette centralisation représente parfois une vulnérabilité notable par rapport aux menaces de cyberattaques qui se multiplient. La moindre faille exploitée peut permettre une diffusion de l’intégralité des données utilisateurs à des fins malveillantes. La blockchain, par son fonctionnement décentralisé, peut permettre de limiter la dépendance à un seul dispositif en fournissant une multitude de nœuds indépendants. Les risques de déni de service s’en retrouvent également diminués en rendant l’information disponible en temps réel sur une multitude de nœuds du réseau.
Authentification et validation
Afin de s’assurer que seuls les objets autorisés à transmettre et recevoir des données puissent communiquer, on peut imaginer utiliser un système d’authentification et de validation basé sur des smart contracts. Chaque appareil connecté, enregistré de manière unique sur le réseau, s’appuierait sur un algorithme de consensus pour prouver son identité. Cela peut réduire les tentatives d’usurpation d’identité par un nœud corrompu.
Intégrité des informations
Enfin, le caractère immuable de la blockchain permet de repérer très vite une annulation ou une altération des transactions effectuées, en le notifiant de manière transparente sur son registre. Il devient alors difficile de manipuler les données, ce qui est très intéressant pour les secteurs sensibles tels que celui de la santé, la finance ou la défense où la précision est importante.
Exemples d’utilisation de la blockchain sur l’IoT
Industrie 4.0
L’industrie 4.0 fait référence à l’intégration des technologies du numérique telles que l’IA, l’IoT et le Big Data dans la production et les processus industriels. Les données collectées par l’IoT permettent d’optimiser les processus industriels, la consommation des ressources, les contrôles sur banc d’essai. Pour garantir la fiabilité de ces données et s’assurer qu’elles proviennent de sources légitimes, la blockchain peut jouer un rôle majeur en instaurant un environnement sécurisé pour la communication entre les différents appareils. Le projet iExec œuvre en ce sens en proposant un système d’enregistrement et de transmission des informations basé sur la blockchain. Chaque donnée relevée (par exemple le nombre de pièces usinées par une machine-outil, ou le taux de CO2 ambiant d’une salle) est enregistrée de manière immuable sur la blockchain sous forme d’empreinte. Un opérateur peut ensuite vérifier que la donnée qu’il traite n’a pas été altérée.
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Smart City
L’optimisation de l’utilisation des ressources d’une ville grâce aux nouvelles technologies est au cœur du concept de smart city. Grâce à la blockchain, des réseaux d’électricité décentralisés peuvent fonctionner indépendamment du réseau électrique principal. Producteurs et consommateurs peuvent ainsi réaliser des transactions d’énergie sur des « microgrids » sans intermédiaire. Chaque individu peut soit vendre l’excédent produit ou au contraire acheter à son voisin par le biais d’un réseau blockchain lorsqu’il en a le plus besoin. Il en va de même sur d’autres ressources telles que l’eau, le trafic routier ou encore la gestion des déchets. La blockchain est en effet idéale pour tout ce qui concerne la gestion de flux et l’optimisation de la chaine d’approvisionnement. Des entreprises telles que Vechain se sont d’ailleurs spécialisées dans ce domaine. Celle-ci propose aujourd’hui une gamme de services mêlant IoT et blockchain pour tracer de manière complète et sécurisée chaque étape de la production et livraison de biens physiques.
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Une technologie prometteuse mais complexe à implémenter
La fusion des technologies blockchain et de l’IoT offre des perspectives prometteuses pour une gestion plus sécurisé des données. Néanmoins elle doit faire face à des obstacles techniques et réglementaires importants. Faire communiquer des systèmes souvent très différents relève parfois de la prouesse technique, alors que peu de normes et standards existent pour le moment. Par ailleurs les organismes publics et les entreprises sont encore réticents à utiliser des crypto-actifs dans leur process du fait de leur instabilité. Cependant les bénéfices engendrés par l’association de ces deux technologies justifient les efforts qui seront fait dans les prochaines années pour offrir des services et produits plus fiables, plus sécurisés et plus transparents.