En 2021, nous avons vu fleurir énormément de DAO, des communautés investissant ensemble dans un projet commun. Si certains dénotent réellement (CityDAO cherche à créer une ville au fond des USA), d’autres comme Flamingo ou The Symmetrical restent de simples fonds, mais brillent par leur réussite collective.
Une DAO, ou Decentralized Autonomous Organization en anglais, a en effet la possibilité de fonctionner comme un vrai fonds d’investissement. Ici, prendre des parts dans un projet blockchain. Seulement, l’investissement en startups est déjà la chasse gardée d’un autre grand acteur : le fonds VC.
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Le Venture Capital, continuité du monde des startups
Les fonds de Venture Capital (ou Capital Risque en français) sont des fonds investissant dans de jeunes pousses avant l’explosion de leur chiffre d’affaires. On dit qu’ils investissent “en Equity”, et sont les stars de la Startup nation. Mais depuis le dernier Bullrun, de nombreux VCs spécialisés en crypto sont nés. On peut alors se demander quel est l’acteur le plus intéressant dans un projet ?
Les VC, piliers de la levée de fonds on-chain
Si vous ne connaissez pas le monde du Venture Capital, sachez que l’objectif de ces fonds est de trouver LA pépite tech qui va changer le monde. Lors du dernier bullrun, il n’a donc pas été étonnant de voir des millions de dollars levés pour investir, principalement sur la DeFi et le métavers (l’un des deux secteurs se porte bien mal depuis…).
Ils sont souvent créés par des anciens entrepreneurs stars à l’image de Marc Simoncini (Daphni) ou Xavier Niel (Kima). Avoir ces investisseurs peut donc être une vraie valeur ajoutée pour un jeune entrepreneur, d’une part pour les conseils proférés, d’autre part pour le carnet d’adresses associé.
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Les DAO en recherche de crédibilité
Si les DAO ont eu la cote, les premiers retours d’utilisation posent déjà quelques limites : D’abord, investir via une DAO dans les cryptos, c’est plus long ! Chaque proposal peut prendre une semaine à être votée. Dans un écosystème où tout va aussi vite, c’est un réel handicap.
Ensuite, une DAO est un OVNI juridique. Bien que certains soient pleinement régulés (NYX, TSYM…), d’autres ont trouvé un moyen d’échapper au “Howey test”, pilier de la régulation US, en ne rémunérant pas directement les investisseurs, mais bien sous forme de grants. C’est un trou dans la raquette aujourd’hui largement exploité. A ce titre, la SEC a déjà fait savoir qu’elle se penchait sur la question.
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Et c’est une bonne chose, le dernier problème des DAO étant … leur opacité. En effet, vous pouvez investir dans un fonds on-chain sans ne jamais connaître le nom ou la situation du fondateur. Comme pour les tokens subissant un rugpull, les risques sont ici évidents. Pourtant, des nouveaux entrants continuent à se faire avoir.
Les fonds d’investissement sous forme de DAO se doivent d’être régulés.
Quelle suite alors ? Au même titre que tout le monde n’a pas le statut d’investisseur agréé, il y a de fortes chances pour voir les (grandes) DAO réservées à une élite financière. Ou du moins, voir une classification apparaître, des certifications, comme pour les CeX français.
VC VS DAO : les avantages et effets sur l’écosystème
DAO | VC | |
Avantages | ∙ Véritable use case de la blockchain
∙ Gain de visibilité sur les réseaux |
∙ Preuve de crédibilité pour un token
∙ Accès au carnet d’adresse des partners ∙ Juridiquement régulé : on sait qui investit |
Inconvénients | ∙ Tout le monde n’est pas nécessairement impliqué
∙ Les analyses ne sont pas toujours poussées |
∙ Moins grande force de frappe sur les réseaux
∙ Les due diligences peuvent prendre des mois |
Noms connus | ∙ AngelDAO
∙ TheSymmetrical ∙ Stacker Ventures |
∙ XAnge
∙ A16z ∙ Coinbase Ventures |
Fusion entre DAO et VC : un futur probable
Aujourd’hui, c’est le double investissement qui prime dans les levées de fonds Web 3.
Après accord, les Fonds cryptos demandent désormais des security tokens ET de l’equity. La raison ? Ils craignent les régulateurs ! L’issue de security tokens n’étant pas considéré comme utilité (utility token), il est plus simple pour ces fonds d’investir (Pre-ICO), les réglementations étant différentes. Soyons plus clair : les lois sur les utilities sont soit excessivement contraignantes, soit inexistantes. Il y a donc une chance pour que les fonds se tournent de plus en plus vers le Web 3, avec des DAO + fonds VC fonctionnant comme une seule entité.
Mais l’écosystème se trouverait gangréné des mêmes problèmes que la startup nation : certains font seront prisés, avec des business angels/partners très célèbres et d’autres moins prestigieux, laissant les meilleurs deals aux 5% meilleurs.
Une hiérarchisation se met déjà en place
On peut la déplorer, mais elle a un avantage : lors de votre due diligence, si vous voyez les 10 plus grands fonds de l’écosystème investissant dans un même coin. Il y a des chances pour que vous ayez une hidden gem sous les yeux.
Bien que des trous dans la raquette juridique permettent à certains de gagner de l’argent, les DAO resteront anecdotiques tant qu’elles n’auront pas gagné en crédibilité. Un groupe obscur ne remplace pas l’expertise d’un réel investisseur Xange, 3AC. Mais les rapports de la SEC américaine commencent à tomber. Le sujet est suivi de très près. Il y a fort à parier que dans cinq ans, chacun d’entre nous deviendra membre de certains pour investir/s’engager entre proches. Reste aux DAO la tâche de gagner en crédibilité. Par exemple avec des investisseurs de renom ?