L’affaire FTX ne se limite pas aux simples pertes financières des investisseurs et des détenteurs de crypto actifs, mais semble avoir des implications à de multiples niveaux. Passée pour une grande partie de l’opinion sous les radars, la déclaration d’un porte-parole de l’écurie de F1 Mercedes le 11 novembre dernier officialisant la rupture de son partenariat stratégique avec la plateforme d’échanges de cryptos en témoigne.
Cette prise de parole met en lumière les investissements de FTX dans le domaine du sport et attire ainsi notre attention sur la pénétration par les acteurs techs et en particulier par ceux des crypto-monnaies des milieux sportifs. Petit tour d’horizon à travers 3 catégories !
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Sponsoring F1-Cryptos : des centaines de millions d’enjeux ?
En Formule 1, outre FTX qui soutenait l’écurie Mercedes, nombre d’équipes disposaient de partenariats avec des entreprises dans le domaine des crypto-monnaies. Red Bull racing, l’équipe de l’actuel champion du monde Max Verstappen, s’était ainsi déjà associée dès 2019 avec FuturoCoin. Alpine, écurie française, s’associait elle à Binance quand McLaren s’entichait alors de Tezos.
Loin d’être exhaustive, cette liste des sponsors issus de l’écosystème blockchain et plus spécifiquement des entreprises dédiées aux crypto-monnaies dans la F1 couvre la quasi-totalité des écuries du plateau. La Fédération internationale de l’Automobile (FIA) s’est elle-même associée en 2021 avec Crypto.com pour sponsoriser les courses Sprint.
Néanmoins, à l’aune de la chute de FTX et de la rupture du contrat liant la firme à l’écurie allemande, on peut s’interroger sur la pérennité de ces partenariats. L’écosystème sera-t-il assez résilient et les écuries assez en confiance pour les maintenir ou cette première alerte du côté de FTX serait annonciatrice d’autres dénonciations de contrats ?
La question se pose d’ailleurs également dans les autres disciplines sportives investies par les entreprises cryptos, par exemple dans les sports collectifs.
Cryptos et sports collectifs, des partenariats résilients
Capitalisant sur son succès financier d’alors, FTX a multiplié au cours des derniers mois ses partenariats et accords de sponsoring avec des joueurs, équipes ou institutions sportives. Ainsi, en juin 2021, FTX annonçait en grande pompe son partenariat avec la star du football américain Tom Brady qui devenait alors l’ambassadeur personnel de la marque. En juin 2022, c’est l’équipe de basket emblématique des Miami Heat qui, pour 135 millions de dollars sur 19 ans, acceptait de renommer son stade au nom de l’entreprise. Enfin, toujours en 2021, ce fut la ligue de baseball américaine elle-même (MLB) qui signait un accord avec FTX la consacrant comme sa plateforme officielle d’échanges de cryptos.
Cette pénétration de FTX dans l’écosystème des sports collectifs, aussi remarquable soit-elle par les montants engagés, n’est cependant pas une exception. Si l’ensemble des accords signés avec FTX semblent voués à être dénoncés les uns après les autres, d’autres acteurs cryptos restent pour le moment eux bien en place. L’accord entre la Lazio Rome et Binance, le principal concurrent de FTX, reste lui d’actualité, tout comme le partenariat de cette même compagnie avec la Coupe d’Afrique des Nations.
Enfin, alors que la Coupe du Monde au Qatar démarrera le 20 novembre 2022, les fans auront l’occasion de retrouver les bannières de Crypto.com partenaire officiel de la FIFA pour l’événement.
Esport : la rupture du contrat du siècle
De manière moins “surprenante” pour le public, la présence des firmes cryptos dans le domaine de l’E-sport est constante depuis plusieurs années et les partenariats ne cessent de se nouer entre équipes, ligues et firmes.
FTX n’était d’ailleurs pas en reste dans ce domaine puisqu’elle avait signé plusieurs contrats d’envergure avec la célèbre Team Solomid (TSM) pour 210 millions de dollars ou l’équipe brésilienne FURIA Esports. De la même façon, FTX était depuis peu un partenaire central de la ligue américaine de League of Legends (LCS) de l’éditeur Riot Game pour une durée de 7 ans. Les Brésiliens ayant déjà annulé leur contrat, il faut s’attendre à ce que TSM et Riot Game cherchent également à s’en dispenser.
Autres équipes soutenues par des entreprises cryptos, Cloud 9 et Blockchain.com depuis début 2022, G2 Esport et la blockchain Solana (l’équipe proposait même des NFTs à la vente en collaboration avec Metaplex), Vitality avec Chiliz pour produire un fan token ou encore Coinbase, partenaire de Team Liquid, et de l’ESL, la ligue de sport électronique, la plus grande entreprise d’Esport mondiale.
Et demain ?
La rupture de plusieurs contrats d’envergure dans chacun des domaines sportifs évoqués (automobile, sports collectifs, Esport) due à la chute de FTX, pourrait attiser les craintes des institutions sportives et refroidir, au moins temporairement, leurs ardeurs à s’associer avec des firmes spécialisées dans les cryptos. Tout comme on peut s’interroger sur la pérennité du succès des fans tokens qui, dans ce contexte particulier, pourraient manquer leur objectif de rapprocher les supporters des équipes ou des écuries si la confiance dans ces outils, visant à les associer aux décisions par exemple pour l’hymne d’un club, venait à s’étioler.
Néanmoins, si les entreprises concurrentes de FTX et l’écosystème cryptos continuent à démontrer leur résilience, rien ne s’opposera alors dans le futur à la conclusion de nouveaux partenariats et à la pérennisation de la présence des acteurs des crypto-monnaies (et de la blockchain en général) dans le domaine sportif.
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