Inventé par Gavin Wood, co-fondateur d’Ethereum en 2014, le terme Web 3.0 est un des termes en vogue dans l’écosystème blockchain. Cette nouvelle vision / conception d’internet (voire des réseaux en général) est identifiée comme le successeur du Web 1.0 et du Web 2.0, différentes phases d’internet depuis 1990.
Web 1.0 : la consommation de l’information
Il s’agit de la première phase d’internet qui couvre approximativement la période de 1990 à 2004. Durant cette période de Web 1.0, internet était composé de pages web statiques et les utilisateurs étaient cantonnés au rôle de consommateur de l’information. La relation entre les entreprises / propriétaires de pages web et les utilisateurs était verticale : l’entreprise (via ses serveurs) partageait l’information et les utilisateurs ne pouvaient que la lire.
Schéma « Read-only »:
Web 2.0 : l’ère de la consommation collaborative
Considérée comme la deuxième phase d’internet, elle va de 2004 à nos jours. Avec l’avènement des réseaux sociaux (création de Facebook en 2004), l’utilisateur du réseau ne se cantonne plus au rôle de consommateur passif, il devient contributeur du réseau via des commentaires, des photos ou encore des vidéos postées sur le réseau : la notation de bien ou de services. Les pages web deviennent dynamiques : c’est le début de la « Trust Economy ». Il s’agit d’un environnement économique dans lequel la consommation est collaborative et les biens et services fournis sont personnalisés grâce à l’étude des données des utilisateurs.
À titre d’exemple, l’achat d’un bien sur le site Leboncoin sera fortement influencé par les commentaires et les notes laissées au revendeur (consommation collaborative) et cet achat suscitera ensuite des publicités ciblées sur Google ou sur Facebook (offre personnalisée de bien ou de services). Ce modèle économique a mis la collection, l’étude et la valorisation de la data au cœur de l’activité économique puisque cette dernière reste (pour le moment) gratuite et génératrice de valeur ajoutée.
Lire plus : “Qu’est-ce que la Creator Economy?”
Schéma « Read – Write » :
Qu’est-ce que le Web 3.0 ?
Selon Gavin Wood, il s’agit d’un web décentralisé. Plutôt que de transiter par des serveurs centralisés et possédés par des grands groupes à l’instar de Facebook ou encore google, dans le Web 3.0 l’information est fractionnée et distribuée entre les différents membres du réseau qui sont à la fois client et serveur : on dit alors que le réseau fonctionne dans une logique peer-to-peer.
Schéma Peer-to-Peer :
Chaque membre du réseau stocke et échange une fraction de l’information ce qui fait de lui un nœud du maillage dont la contribution est récompensée par un token. L’utilisation conjointe d’un système de récompense et des preuves de consensus garantit la sécurité intérieure du réseau en ceci que les personnes les plus aptes à compromettre le réseau sont celles qui ont le plus à perdre. De plus, dans le Web 3.0 la décentralisation du réseau renforce sa résistance face aux attaques extérieures puisqu’il faudrait s’attaquer non pas à un mais à plusieurs micro-serveurs dispersés dans l’espace.
En outre, chaque membre du réseau peut conserver son anonymat (on parlera de pseudonymat) et choisit le récipiendaire de sa data, de son message ou de toute information qu’il souhaiterait partager grâce à la cryptographie (technique d’encodage d’une information via un code ou une clé déchiffrement qui vise à garantir sa confidentialité).
Lire plus : “Qu’est-ce que la cryptographie?”
Les conséquences du Web 3
La possibilité de lire, d’écrire et de choisir le récipiendaire de son message ou de sa donnée entraîne un changement de paradigme : on passe du paradigme « Read-Write » propre au Web 2.0 au paradigme « Read-Write-Own ».
Chaque utilisateur garde la main sur sa data et pourrait rendre cette dernière payante. Ce changement pourrait signer la fin de la « Trust Economy » du fait d’un anonymat des participants. Elle pourrait aussi pousser les grandes entreprises à repenser leur modèle économique fondé sur la data gratuite, stockée unilatéralement sur leurs serveurs respectifs. Il pourrait en résulter la disparition de formule non-payante pour les applications telles que YouTube, Google, Facebook ou encore Twitter.
Le Web 3.0 dans une logique de décentralisation
Ainsi, le Web 3.0 est une vision d’internet qui lie décentralisation, logique peer-to-peer, cryptographie et récompense selon Gavin Wood. Toutefois, l’émergence du métavers tend à installer le flou autour de ce concept assez brumeux.
Les visions des acteurs de l’écosystème divergent concernant le Web 3 : les “builders” ainsi que l’auteur de ce concept décrit plus haut est radicalement opposée à la vision induite par Meta (entreprise mère de Facebook) selon laquelle le Web 3.0 serait non pas un réseau décentralisé mais une version 3D du Web 2.0.
Tableau récapitulatif du Web 1.0, Web 2.0 et Web3.0
Type de Web | Caractéristiques | Années |
---|---|---|
Web1 | Page web statique | 1990-2004 |
Web2 | Trust economy (réseaux sociaux) | 2004-Nos jours |
Web3 | Information fractionnée et distribuée sur plein de serveurs | A l'avenir |