Véritable révolution dans l’écosystème crypto il y a quelques années seulement, les applications décentralisées, ou dApps, apparaissent pourtant déjà comme une évidence.
Depuis Bitcoin, et jusqu’à l’émergence d’Ethereum et des Smart Contracts, la grande proposition de valeur des cryptomonnaies était de permettre d’échanger de la valeur sur un réseau décentralisé.
Aujourd’hui, l’industrie a profondément évolué et les différentes blockchains d’infrastructure permettent de créer des usages plus complexes. On doit notamment cela à la programmabilité permise par Solidity, le langage de programmation utilisé pour développer Ethereum et les applications construites par-dessus ce réseau.
Les applications web traditionnelles : efficaces, populaires et centralisées
Avant de s’intéresser au fonctionnement et aux caractéristiques particulières des applications décentralisées, commençons par comprendre ce qu’est une application web classique.
Une application web permet de réaliser une ou plusieurs tâches directement sur un site internet. L’application web se différencie de l’application mobile du fait qu’elle n’est pas téléchargée par l’utilisateur, mais plutôt hébergée sur des serveurs tiers.
On distingue deux facettes de l’application web :
- Le front-end : il correspond à l’interface qui permet à l’utilisateur d’utiliser le service numérique. Cette interface est nécessaire à tout service numérique qui se veut compréhensible et utilisable par tout type d’utilisateur.
- Le back-end : cela représente tout le processus qui a lieu en « coulisses » pour effectuer l’action réalisée par l’utilisateur sur le front-end. C’est tous les éléments auxquels l’utilisateur n’a pas accès et qui lui permettent de réaliser l’action demandée.
De nos jours, tout le monde utilise des applications web au quotidien sans même y faire attention car, lorsque c’est possible, il est plus pratique d’utiliser son application directement sur navigateur plutôt que de la télécharger. Cependant, ces dernières sont aussi problématiques que pratiques car elles sont centralisées, opaques et ne permettent pas aux utilisateurs un contrôle total sur leurs données.
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Les applications décentralisées : prometteuses mais complexes
Si les services numériques traditionnels partagent avec les dApps le même fonctionnement au niveau du front-end, la principale différence réside dans la gestion des données et l’infrastructure utilisée en back-end.
Concrètement, les données sont stockées directement sur la blockchain choisie et le service en question est assuré par un smart contract qui exécute automatiquement les tâches pour lesquelles il est programmé.
Bien que largement favorisées par la possibilité d’automatiser des tâches sur la blockchain avec les smart contracts, les dApps ont précédé les cryptomonnaies de quelques années. En effet, il existait dés le début des années 2000 des services numériques comme BitTorrent permettant d’échanger des fichiers sur un réseau distribué de Pair à Pair.
Bitcoin demeure toutefois la première dApp à proposer un service complètement décentralisé, sans aucune entité identifiée derrière le protocole.
Les dApps partagent les forces d’une infrastructure de blockchain publique, à savoir :
- La sécurité élevée grâce à des techniques cryptographies de pointe
- La transparence de l’infrastructure et de la gestion des données grâce au code open-source et aux transactions publiques
- La rapidité et la disponibilité d’un réseau disponible 24/24, indépendamment d’un quelconque tiers
- La résistance à la censure propre aux réseaux décentralisés
- La possibilité de créer de nouveaux modèles économiques récompensant tous les acteurs de l’application plutôt qu’une seule entité.
Mais, elle partage également ses faiblesses, dont :
- La complexité d’utilisation due à l’interaction à la blockchain (wallets, transactions, clefs privées, …)
- Le trilemme des blockchains d’infrastructure, qui ne parviennent toujours pas à concilier décentralisation, scalabilité et sécurité en un réseau unique
- La complexité de création de dApps du fait du langage utilisé comme Solidity sur Ethereum par exemple
- La dépendance aux hébergeurs centralisés pour l’interface web de ces dApps (Beaucoup de sites web de projets web3 sont hébergés sur Azure (Microsoft) ou encore AWS (Amazon)
- La régulation future qui menace l’intégrité de ces services décentralisés
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Quels sont les cas d’usage des applications décentralisées ?
Les outils nécessaires à la création d’applications existent depuis plusieurs années maintenant, mais le rallye haussier des cryptomonnaies de 2020-2021 est le catalyseur qui a provoqué leur croissance exponentielle. Pendant cette période mouvementée, énormément de dApps plus ou moins pertinentes ont vu le jour dans différents domaines dont :
- La DeFi : avec l’apparition de plateformes décentralisées d’échange de cryptomonnaies (DEX) comme Uniswap par exemple.
- Les Play To Earn : les jeux comme Axie Infinity ou Crabada construits autour d’un token, qui ont fortement été adoptés par la communauté sud-américaine notamment.
- Les DAO : les communautés qui se sont construites autour d’une dApp et d’un token, afin d’atteindre un objectif prédéfini, à l’instar de ConsitutionDAO et son objectif d’acheter une copie originale de la constitution américaine.
Vous l’aurez compris, les dApps reprennent assez souvent les codes et les usages des applications classiques du côté de l’expérience utilisateur et de l’interface graphique (front-end). La principale force de ce nouveau type d’application réside dans leur infrastructure blockchain qui permet de rendre le pouvoir aux utilisateurs sur leurs données et mieux rétribuer l’ensemble des parties prenantes du protocole.