Si les initiatives associatives se sont multipliées ces dernières années, il est clair que l’engagement en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique doit prendre une dimension bien plus importante. En effet, une vision long terme nécessite que ces projets gagnent en autonomie et ne dépendent plus de dons. Plus important encore, ces projets doivent avoir les moyens de leurs ambitions !
Dans une société capitaliste menée par le rendement, il est difficile d’envisager un effort désintéressé par les acteurs économiques. Ainsi, les réflexions des acteurs du développement durable ont rapidement mené à une conclusion : il faut développer une finance verte.
La finance verte : une alternative durable et rentable
La finance verte se définit simplement par les investissements (ou toutes opérations) financières qui favorisent la transition énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique.
Nous vous expliquions les différentes ères de la finance traditionnelle dans cet article sur la Finance Décentralisée (DeFi). Pour rappel, la finance est simplement l’action de gérer l’argent et les moyens financiers, pour prendre des décisions sur comment utiliser cet argent, comment le prêter et comment éviter de perdre cet argent à cause de divers risques. La finance est importante car elle aide à trouver les ressources financières dont les entreprises, les projets et les économies ont besoin pour grandir et se développer.
Seulement, la finance traditionnelle dirige l’épargne vers les projets les plus rentables, sans prendre en compte les aspects environnementaux des investissements effectués. La finance verte, quant à elle, finance des projets ne portant pas atteinte à l’environnement, ou permettant le développement d’une économie durable.
Par exemple, la finance traditionnelle pourrait préférer financer un projet d’énergie fossile car ce dernier promet une rentabilité plus élevée plutôt qu’un projet d’énergie renouvelable encore en cours de développement et pas rentable avant longtemps.
La finance verte s’oppose à cette vision en ayant comme objectif premier le “rendement écologique”, autrement dit son impact positif sur l’écologie. Et dans un second temps son rendement financier. Il est cependant très important que la finance verte génère des rendements financiers afin d’attirer les capitaux des investisseurs et de mener à bien sa mission de manière durable.
Finance Verte : Les véhicules d’investissement durable
Aujourd’hui, les investisseurs ont différents moyens d’investir dans la Finance Verte :
- Les obligations vertes
Une obligation verte, également appelée “Green Bond” en anglais, est une obligation émise par une entreprise, une organisation ou un gouvernement pour financer des projets ayant un impact environnemental positif. Pour rappel, une obligation est un type de placement financier qui permet à une entreprise, une organisation ou un gouvernement de collecter de l’argent en empruntant des fonds auprès d’investisseurs (donc de récolter de la dette). En achetant une obligation, l’investisseur prête de l’argent à l’émetteur de l’obligation et reçoit en échange des intérêts sur cet argent. Ces intérêts sont appelés “coupon” et sont généralement versés régulièrement pendant la durée de vie de l’obligation.
Contrairement aux obligations classiques, l’argent collecté par l’émission d’une obligation verte est utilisé exclusivement pour des projets “verts”, tels que les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, la gestion durable des ressources naturelles, la protection de la biodiversité, la lutte contre le changement climatique, etc.
- Marché au carbone
Un marché au carbone est un système qui vise à limiter les émissions de gaz à effet de serre en imposant un plafond aux entreprises et aux organisations sur la quantité de gaz à effet de serre qu’elles peuvent émettre. Les entreprises qui émettent moins de gaz à effet de serre que leur plafond peuvent vendre des crédits carbone, qui sont des droits d’émission excédentaires (donc des “droits à polluer”), à d’autres entreprises qui dépassent leur plafond d’émission. Ainsi, les acteurs souhaitant polluer plus doivent acheter des droits supplémentaires, ce qui incite à diminuer l’émission de gaz à effet de serre.
- La taxe carbone ou « contribution climat énergie »
La taxe carbone vise à augmenter le coût des activités émettrices de gaz à effet de serre pour inciter les agents économiques à trouver des énergies alternatives. On l’appelle parfois taxe « pigouvienne» du nom de l’économiste Arthur Pigou qui l’a conceptualisée.
Il existe bien d’autres solutions d’investissements ou de contraintes économiques pour inciter les entreprises à investir (et donc financer) en faveur de projets “verts”.
Finance Verte : Un marché encore jeune
Bien que les initiatives de finance verte soient importantes pour encourager les investissements dans des projets à faible émission de carbone, il existe encore des limites ralentissant le développement de ce marché :
- La finance verte est encore un marché émergent ce qui signifie qu’il est encore en train de se stabiliser. Cela signifie que les opportunités d’investissement sont encore limitées et que les investisseurs peuvent être confrontés à des risques plus élevés sur le plan financier.
- Les projets d’énergie renouvelable et les technologies vertes peuvent être plus coûteux à développer et à mettre en œuvre que les projets traditionnels, ce qui peut réduire la rentabilité des investissements verts.
- La valorisation des projets verts peut être plus difficile que celle des projets traditionnels, car il peut y avoir des incertitudes concernant les coûts futurs, les flux de trésorerie et les projections de croissance tant l’innovation est importante.
- Le “greenwashing” est une pratique où les entreprises et les investisseurs prétendent avoir des pratiques écologiques sans avoir réellement d’impact positif sur l’environnement. Il est donc important de faire preuve de diligence raisonnable pour s’assurer que les projets et les investissements verts sont véritablement durables et contribuent à la protection de l’environnement.
Finalement, nous pouvons résumer les risques de la finance verte à un manque de transparence, de liquidité et de rentabilité. En somme, les mêmes limites que la finance traditionnelle, que la blockchain peut résoudre !