Les fonds de Venture Capital, ou Capital-risque en français, nous offrent beaucoup d’informations sur l’écosystème : ce sont des insiders ayant accès aux bruits de couloirs. Dans la chasse aux small caps, il est donc très intéressant d’aller observer les portfolios de ces acteurs positionnés à l’avant de la vague.
Pourtant, les “meilleurs fonds de la place” possédaient presque tous du LUNA et du FTT. Ils n’avaient vu venir l’effondrement ni de l’un, ni de l’autre. D’aucuns pourraient croire que leurs due diligences sont toujours pointues, c’est loin d’être le cas.
Mais si vous savez les analyser correctement, ces portfolios peuvent constituer une réelle plus-value, notamment pour comprendre un sous-secteur.
Des analyses poussées mènent à une sélection drastique
Dans la course aux gemmes cachées, il peut être intéressant de regarder ce sur quoi les grands fonds de la place ont décidé de miser. Plusieurs raisons motivent ce choix :
- Les porteurs de projets ont su convaincre des investisseurs sur-sollicités : pour 100 projets analysés, un VC investit en moyenne dans 3 d’entre eux.
- Les analystes font de longues due diligences des projets : ils savent identifier les red flags, et ne mettront pas leur argent dans un projet s’il n’est pas exceptionnel.
- Le projet y gagne en visibilité : un investissement de Binance Labs offre de fortes chances de listing sur la plus grande plateforme du monde. Donc un accès facilité au token.
Tels des chercheurs d’or, ils arpentent la montagne pour déterrer la prochaine pépite. Trouver des hiddens gems, c’est leur métier !
Si vous ne savez pas par où commencer votre chasse aux petites crypto-monnaies, analyser ces portfolios peut être un bon moyen de filtrer parmi les milliers de small caps qui inondent Twitter.
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Les fonds ne cherchent pas uniquement la rentabilité
Une idée reçue répandue est celle que l’investissement early ne vise que le ROI (Return On Investment) exceptionnel. Il arrive fréquemment de voir des prises de participation stratégiques, voire politiques. Un bon exemple est celui de Binance investissant dans les CEX concurrents, notamment FTX. Ce pied dans l’entreprise permet de voir les évolutions des roadmaps de concurrents, peut-être même de les copier ?
Certains investissements mènent aussi à des coups de communication : lors de la découverte de la faille Axie Infinity, Binance a mené une levée de 150 millions pour soutenir l’écosystème Ronin, et a augmenté ses APY sur AXS. Axie était un pilier des jeux Gamefi. Investir après une mauvaise nouvelle fut excellent pour le Branding de Binance : ils soutiennent l’écosystème, peu importe les retours.
Ce n’était clairement pas un investissement lucratif : le prix du AXS a été divisé par 10 depuis son piratage en mars 2022, et a de fortes chances de ne jamais retrouver son ATH (ou All Time High, c’est-à-dire le prix le plus haut jamais atteint).
Enfin, un dernier type d’investissement est beaucoup plus questionnable. C’est l’investissement ou tout le monde connaît et valide les fondateurs et où les due diligences sont négligées.
Les mises en relation, ou comment les VC trouvent des pépites
Il faut comprendre comment les rencontres entre fonds et entrepreneurs ont lieu : par des mises en relation (soyons clair : du réseautage). Alors, si l’entrepreneur a été présenté au partner par quelqu’un d’influent, par exemple à dans un restaurant huppé de Palo Alto, la partie technique peut passer au second plan.
Les fonds cherchent les meilleures mises en relation. Pour garder de bonnes relations avec les banques d’affaires influentes ou d’autres fonds de la place avec qui ils co-investissent, ils peuvent accepter de se positionner rapidement sur un deal présenté par celles-ci.
C’est incroyablement fréquent : la plupart des fonds investissent en « follower », et non en « leader », qui est le fonds aidant de manière opérationnelle l’équipe dirigeante. Les followers font alors confiance au rapport du leader, souvent des noms très connus. C’est ce qui s’est passé avec FTX, dont la due diligence a été clairement passée sous le tapis.
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Utiliser les portfolios de VC dans sa stratégie d’investissement
Chaque investisseur a une appétence au risque différente. Les fonds n’y font pas exception, certains ayant des thèses bien spéciales :
- Les fonds rattachés à des CEXs : les Centralized Exchanges (CEX) investissent dans énormément de tokens (Coinbase Ventures en a 250 en portfolio). C’est principalement pour les lister sur leur plateformes le moment venu, mais ces portfolios qui misent sur le volume ne permettent pas de dégager 15-20 gemmes intéressantes.
- Les fonds gérés sous forme de DAO : investissant souvent à horizon court terme, ils cherchent des multiples rapides. AngelDAO garde généralement ses tokens 6 mois, il peut donc être intéressant de vendre vite avant leur Exit qui fera baisser le prix.
- Les fonds sectoriels : vraie mine d’or pour qui souhaite creuser un écosystème. Les partners sont spécialisés dans une branche bien spécifique qu’ils connaissent par cœur (Gamefi, Social Web3, DeFi…). Ce sont des key players à avoir parmi ses investisseurs !
Les questions à se poser pour classer les meilleurs fonds VC
Si vous souhaitez vous faire votre propre classement des meilleurs fonds selon vos critères, plusieurs méthodes existent :
- Social influence : les fonds sont-ils écoutés ?
- Le nombre de deals : à quel point sont-ils actifs ?
- ROI : à quel point le fonds est-il profitable ?
Pour des raisons très humaines, c’est l’influence des fonds qui est le plus souvent prise en compte et non la réussite de leurs investissements, ce qui est très différent. Une classification juste résulte d’un mix de ces trois facteurs.
Notez enfin qu’il est très difficile d’avoir accès à l’ensemble des données d’un fonds. Les meilleurs sites restent néanmoins Coinmarketcap dans la rubrique portfolio et les sites internet des VCs.
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Nos conseils à garder en tête avant d’investir
Premièrement, un fonds connu l’est plus pour son influence que pour sa performance. Deuxièmement, les fonds spécialisés dans une thématique particulière permettent de mapper un écosystème et de savoir sur quoi les spécialistes parient.
Et enfin le plus important : les fonds peuvent se tromper ! Faites donc toujours vos propres recherches et ne vous fiez pas à la simple analyse d’un investisseur, même très connu. On ne connaît pas toujours les vraies raisons qui ont poussé à l’investissement. Elles peuvent être plus sociales que bienveillantes.
Donc si un jour quelqu’un vous dit “ce fonds très connu a investi, ça doit être une pépite !”. Souvenez-vous qu’auparavant, les plus grands fonds de la place étaient 3AC et… Alameda !